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"j'aime l'âne si doux"j'aime l'âne si doux
marchant le long des houx.
il prend garde aux des abeilles
et bouge ses oreilles ;
et il porte les pauvres
et des sacs remplis d'orge.
Il va près des fossés
d'un petit pas cassé.
Mon amie le croit bête
parce qu'il est poète.
Il réfléchit toujours
ses yeux sont en velours.
Jeune fille au doux coeur,
tu n'as pas sa douceur ;
car il est devant Dieu
l'âne doux du ciel bleu.
Et il reste à l'étable,
résigné, misérable,
ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.
Il a fait son devoir
du matin jusqu'au soir.
Qu'as-tu fait jeune fille ?
Tu as tiré l'aiguille...
Mais l'âne s'est blessé ;
la mouche l'a piqué.
Il a tant travaillé
que ça vous fait pitié.
Qu'as-tu mangé, petite ?
Tu as mangé des cerises.
L'âne n'a pas eu d'orge
car le maître est trop pauvre.
Il a sucré la corde
puis a dormi dans l'ombre...
La corde de ton coeur
n'a pas cette douceur.
Il est l'âne si doux
marchant le long des houx.
J'ai le coeur ulcéré ;
ce mot-là te plairait.
Dis-moi donc, ma chérie,
si je pleure ou je ris ?
va trouver le viel âne,
et dis-lui que mon âme
est sur les grands chemins,
comme lui le matin.
Demande lui, chérie,
si je pleure ou je ris ?
Je doute qu'il réponde ;
il marchera dans l'ombre,
crevé par la douleur,
sur le chemin des fleurs.
Des artistes peintres aiment aussi le prendre comme
modèle.